L’œuvre de Jean-Michel Basquiat, qui s’est fait connaître du grand public en faisant partie de la scène pop-art new-yorkaise des années 1980, reste plus actuelle que jamais, aussi pionnière et visionnaire qu’elle l’était déjà à l’époque. Ses peintures mettent en lumière l’héritage africain, les problématiques de la société et le racisme omniprésent. En tant qu’outsider excentrique et superstar exploitée de son temps, Jean-Michel Basquiat est l’une des figures les plus significatives de l’art contemporain. « C’était un génie précoce qui réalisait des œuvres pour un monde qui ne le comprenait pas nécessairement« , déclare Franklin Sirmans, directeur du musée Perez à Miami. Car il a également dû se battre avec le monde complexe de l’art de son époque dans lequel il était l’un des rares artistes noirs à avoir atteint un tel succès.
Né d’un père haïtien-américain et d’une mère portoricaine, Jean-Michel Basquiat (1960-1988), jeune audacieux, s’est enfui de chez lui à l’âge de 17 ans, faisant d’abord ses armes comme graffeur et vivant parfois dans la rue. Au cours de sa carrière brève mais prolifique, arrivant sur la scène en tant qu’artiste pleinement formé sans jamais fréquenter une école d’art, il avait une compréhension innée de la couleur et de la composition. « Ma mère, qui aimait dessiner, m’a donné toutes les choses élémentaires en m’emmenant visiter le Metropolitan Museum of Art de New York et le Brooklyn Museum« , racontait l’artiste.
Personnage irrévérencieux, tant sur le plan personnel qu’artistique, il avait un énorme désir d’être reconnu, admirant les stars et fréquentant les fêtes et cocktails les plus exclusifs de New York. En se liant d’amitié avec Andy Warhol toujours à l’âge de 17 ans, tous deux vont développer une admiration et une influence commune, comme le relate l’exposition Basquiat × Warhol, à quatre mains à la Fondation Louis Vuitton à Paris. « Jean-Michel m’a fait peindre différemment et c’est une bonne chose », écrivait Warhol dans son journal en 1984. « Andy commençait la plupart des peintures. Il mettait quelque chose de très reconnaissable, le logo d’une marque et d’une certaine façon, je le défigurais. Ensuite, j’essayais de le faire revenir, je voulais qu’il peigne encore » raconte Jean-Michel Basquiat.
Aujourd’hui, trente-cinq ans après sa mort prématurée, Basquiat est l’artiste noir le plus recherché de l’histoire, étant passé de la rue à un succès mondial, qui a créé un style très personnel et laissé derrière lui une œuvre énorme, se vendant aujourd’hui à des dizaines de millions de dollars. Car s’il a vendu sa première toile à 200 dollars en 1981, sa peinture de crâne vibrant est la sixième vente aux enchères la plus élevée au monde avec 110,5 millions de dollars en 2017.
Son art, qui comprend des centaines de peintures, de dessins et d’interventions sur objets, est ponctué d’éléments urbains, chargé de symboles répétés, tels que des crânes ou des couronnes, auxquels les historiens donnent de multiples significations et qui font désormais partie de la culture populaire, comme on peut le voir à travers des collaborations avec des marques de street wear comme Reebok ou Converse ou quand son nom est mentionné dans des textes d’artistes contemporains comme Jay-Z ou Kanye West.
Pour commémorer les 35 ans de la disparition brutale et regrettée de l’artiste, ce ne sont pas moins de sept expositions et deux espaces permanents à travers le monde qui ont été organisés depuis un an et demi pour mettre à l’honneur la légende Basquiat dont la notoriété a pris des proportions astronomiques au fil du temps.
Parmi ces événements, citons l’exposition Jean-Michel Basquiat : King Pleasure, présentée à New York puis à Los Angeles, qui présente plus de deux cents pièces rares et inédites, une multitude d’objets personnels (acte de naissance, bulletins scolaires, vélo, carnets de croquis, notes, vidéos Super-8 de son enfance, frigo recouvert de graffitis) et des reconstitutions de la maison de famille et de l’atelier de l’artiste. Cette exposition organisée de manière inédite par ses sœurs Lisane Basquiat et Jeanine Heriveaux, directrices et commissaires du projet, montrent le point de vue de la famille comme cela n’avait jamais été raconté, avec un regard de l’intérieur sur l’existence quotidienne de l’artiste, accusées aussi d’avoir transformé l’héritage de Basquiat en marchandise comme source lucrative juteuse : sweats à capuche, T-shirts, puzzles, planches à roulettes, gobelets, aimants, etc.
Par ailleurs, l’Atelier Jolie à New York est cet espace où Jean-Michel Basquiat a vécu et travaillé de 1983 à 1988 qu’il louait au pape du pop art Andy Warhol et que la célèbre actrice et réalisatrice américaine Angelina Jolie va faire renaître, en accord avec son intérêt pour les arts, en devenant l’heureuse locataire de l’un des bâtiments les plus mythiques de Manhattan, au prix de 60 000 dollars par mois. Situé au 57 Great Jones Street, l’immeuble de trois étages et de 613 mètres carrés accueillera des stylistes de mode issus des quatre coins du monde qui pourront travailler et exposer leurs créations. Respectueuse de l’esprit des lieux, Angelina Jolie a précisé qu’elle ne toucherait ni au street art ni aux tags qui recouvrent actuellement sa façade, en hommage à ce pionnier de la mouvance underground new-yorkaise qui parsemait les quartiers de nombreux graffitis signés SAMO (« Same Old Shit »), ni non plus à la plaque commémorative apposée sur la façade de l’immeuble qui indique que Basquiat est mort ici d’une overdose en 1988 à l’âge de 27 ans et où la légende a commencé.
Exposition à Vienne (9/9/22-8/1/23) :
https://www.albertina.at/en/exhibitions/basquiat/
Exposition à Montréal (15/10/22-19/02/23) :
https://www.mbam.qc.ca/en/exhibitions/jean-michel-basquiat/
Exposition à Paris (6/4/23-30/7/23) :
https://philharmoniedeparis.fr/fr/activite/exposition/24617-basquiat-soundtracks
Exposition à Bâle (11/6/23-27/8/23) :
https://www.fondationbeyeler.ch/fr/expositions/jean-michel-basquiat
Exposition à Paris (5/4/23-28/8/23) :
https://www.fondationlouisvuitton.fr/fr/evenements/basquiat-x-warhol-a-quatre-mains
Exposition à New York (1/6-30/9/22) et à Los Angeles jusqu’au 15/10/23 :
https://kingpleasure.basquiat.com
Exposition permanente à Barcelone :
https://mocomuseum.com/exhibitions/barcelona/modern-masters/15329
Nouvel espace :
Playlist Spotify Listen Like Basquiat : Nightlife pour accompagner l’exposition King Pleasure :
https://open.spotify.com/playlist/37i9dQZF1DX49fKuFU37dw
Texte de Christine Cibert.