«Nature étrangère » : une exposition transforme les formules mathématiques en un monde mystique 

L’homme cherche souvent une signification divine dans les formes et les motifs : la géométrie sacrée inspire les églises, les pyramides et les pierres dressées, construites pour relier notre monde aux puissances supérieures. Guidés par une logique invisible, les cristaux fleurissent, les galaxies et les trous noirs se mettent à exister. L’installation « Foreign Nature » de l’artiste Julius Horsthuis donne le sentiment d’être en face des rouages de l’univers.

Dans « Foreign Nature », installée jusqu’au 3 septembre au Next Museum d’Amsterdam, Julius Horsthuis utilise des fractales générées par ordinateur. Les fractales sont le résultat de diverses formules mathématiques. Il les visualise à l’aide de Mandelbulb3D, un logiciel dont le créateur reste mystérieux et dont le nom de code est « Jesse ». Ces formes sont des objets naturels, c’est-à-dire qu’elles sont autosimilaires : que l’on zoome ou que l’on dézoome, le code qui les définit semble recréer l’ensemble. Lorsque le micro reflète l’échelle macro (atome → cellule → système solaire), il est impossible de le discerner. Horsthuis conçoit sa pratique moins comme celle d’un peintre, d’un architecte ou de leurs équivalents numériques que comme celle d’un naturaliste ou d’un documentariste. Les espaces qu’il rencontre ne sont pas créés, mais explorés et capturés. Ils sont découverts en naviguant dans ces paysages extraterrestres et ces cathédrales de science-fiction et en composant une scène en leur sein. Les formules elles-mêmes ne sont pas la création de mathématiciens, mais leur découverte. 

Foreign Nature » implique le corps tout entier – une expérience totalement immersive qui se comporte comme une drogue saturant la circulation sanguine – entraînant toutes sortes de sensations. Les visuels évoquent ceux décrits par les personnes qui ont connu des états de conscience modifiés : les psychonautes qui utilisent le LSD ou le DMT pour accéder à des plans d’existence supérieurs. Aujourd’hui, c’est la technologie qui est psychoactive – des formules mathématiques peuvent être utilisées pour visualiser ce code source au-delà des sens. À cette fin, la bande sonore elle-même a été créée spécifiquement pour l’œuvre par Ben Lukas Boysen.

Par Eduardo Quive

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